Le suivi de chantier en décoration : à prendre ou à laisser ?

Faut-il vous charger systématiquement du suivi de chantier des missions de décoration ou d'architecture intérieure qui vous sont confiées ?

Cette question mérite réflexion et dans certains cas que je détaille à la suite, je vous conseillerai de déléguer cette partie à un pilote de chantier expérimenté (qu’il soit architecte, entrepreneur ou autre).

Mission partielle ou mission globale ?

La mission de décorateur d’intérieur (et d’architecte d’intérieur) n’intègre pas forcément l’appel d’offres, le suivi de chantier et la réception des travaux. Dans ce cas, nous parlons de « mission partielle » par opposition à « une mission globale ».

Suivi de chantier, quand et pour qui ?

La mission « globale » de décoration ou d'architecture intérieure intègre les phases de recherches créatives puis de suivi de réalisation, y compris l’étape de chiffrages des travaux et la réception du chantier.

Vous vous chargerez de toutes les étapes de cette mission (globale) de décoration et notamment du suivi de chantier si :

-        Le client tient à n’avoir qu’un seul interlocuteur pour toutes ces phases du projet
-        Vous avez suffisamment d’expérience pour réaliser efficacement chaque étape
-        Vous avez souscrit à une assurance professionnelle qui couvre le suivi de chantier

Vous éviterez de vous charger du suivi de chantier de décoration si :

-        Votre assurance professionnelle est insuffisante (responsabilité civile du dirigeant)
-        Vous n’avez pas d’expérience du suivi de chantier
-        Votre client est ouvert à l’intervention de deux prestataires ou plus pour la maitrise d’œuvre.

Les risques du suivi de chantier de décoration ?

Risque 1 : le procès

En cas de procès entre votre client et une des entreprises qui réalisent les travaux, si vous avez réalisé le suivi de chantier, vous risquez d’être responsabilisé. En effet, dans certains cas de jurisprudence, le juge a responsabilisé à 50 % respectivement l’entreprise qui a réalisé les travaux et le prestataire conseil en décoration ou en architecture intérieur qui a assuré le suivi de chantier. Ce partage de la responsabilité s’applique lorsque le résultat esthétique est en jeu (notamment). Donc, décorateurs et décoratrices débutants, méfiez vous ! Sachez que les procès entre entrepreneurs et clients particuliers sont légions. Retenez donc que le risque de procès est plus élevé avec des clients particuliers qu’avec des clients entreprises.

Risque 2 : les … ennuis

Le suivi de chantier d'un projet de décoration ou d'aménagement intérieur demande à la fois des compétences techniques, organisationnelles et des qualités relationnelles pour dénouer ou résoudre les potentiels conflits entre la ou les entreprises en charge des travaux et le client. Vous vous retrouvez souvent en position de « fusible », position hautement inconfortable…Pour assurer avec efficacité ce rôle, vous devez avoir confiance dans vos compétences techniques, être capable d’évaluer la pertinence des solutions proposées (ou imposées) par l’entreprise, être capable de proposer d’autres solutions si besoin. Par ailleurs, vos devez aussi savoir « neutraliser » un client perfectionniste ou stressé, qui élève son niveau d’exigence dangereusement, au point que l’entreprise menace de laisser tomber le chantier. Bref, ne vous improvisez pas responsable d’un suivi de chantier tant que vous ne vous sentez pas assez solide, en particulier si le client est un particulier qui n’a pas eu d’expérience antérieure de travaux ou si vous dénotez une forte tendance au perfectionnisme.

Risque 3 : la mission chronophage

Lorsque vous facturez au forfait, le montant associé au suivi de chantier (pour un projet de décoration ou d'architecture intérieure) est basé sur un nombre de visites prévisionnel, étalé sur une période donnée. Lorsque vous facturez avec un pourcentage sur le montant des travaux, le montant associé au suivi de chantier est tout simplement inclus (sans limite !). Dans les deux cas, le risque est grand de réaliser plus de visites que prévu, de passer plus de temps que le montant de la rémunération ne le permet. En résumé, cette mission est souvent peu rentable, d’autant plus que vous débutez.

Les conseils en cas de risques ?

Conseil 1 :

Si votre situation est « à risque », en regard du suivi de chantier, je vous conseille de déléguer cette partie à un pilote de chantier expérimenté (qu’on appelle aussi responsable du suivi de chantier ou coordinateur de chantier ou de travaux), qui facturera sa prestation directement à votre client (ne le prenez pas en sous traitance pour des raisons d’assurance).

Conseil 2 :

Si le client refuse dans un premier temps ce partage de la maitrise d'œuvre, alors que vous lui en avez exposé les avantages, méfiez vous, il pourrait être judicieux de refuser la mission de conseil en décoration ou architecture intérieure ou d’imposer de votre côté ce montage comme condition nécessaire à votre intervention. Ce faisant, vous sauvez une partie de votre « marge » prévisionnelle sur cette mission.

Le suivi de chantier,  j’adore !

Sans être expérimenté-e au départ, vous pouvez devenir un ou une excellente pilote de chantier, souvent lorsque vous utilisez des compétences transversales alliées à suffisamment de compétences techniques et un solide bon sens. Pour le savoir, encore faut il essayer…Dans le doute, essayez soit de faire un stage dans un bureau d’étude technique ou chez un architecte pour suivre sa mission de pilote de chantier. Sinon, commencez par déléguer la mission à un professionnel expérimenté que vous accompagnez (gratuitement) pour apprendre le métier.