(re)Decouvrez les dessins des décorateurs du XXème siècle
Jacques Emile Ruhlmann – source : ruhlmann.info
A l’ère de Sketchup, 3dsmax et
Artlandis (logiciels dédiés à la 3D pour les deux premiers et au rendering pour
le dernier), re-découvrons les dessins des décorateurs du tout début du XXème
siècle. Ils présentent plusieurs intérêts, à mes yeux, que je partage avec vous
aujourd’hui.
Intérêt 1 : observer comment les décorateurs de chaque époque ont
exprimé leurs projets, avec les outils disponibles et les codes graphiques en
vigueur.
Par exemple, les rendus en
couleur produits par les décorateurs des années 1910 et 1920 utilisent la gouache
sur des papiers ivoires ou colorés, des typographies typiques très grandes,
géométriques et décoratives ornent la composition, le tout est encadrée d’un
trait assez marqué.
Intérêt 2 : découvrir les dessins de certains décorateurs particulièrement doués en illustration, en particulier Jacques Emile Ruhlmann. Au delà de l’objectif de communication du projet décoratif, J.E Ruhlmann crée des tableaux extrêmement bien composés, avec un sens de la couleur très sûr et un geste enlevé. Ce talent ne lui était pas nécessaire pour communiquer efficacement ses idées à ses clients, mais l’histoire retiendra ses dessins pour leurs qualités graphiques évidentes.
Charles Rennie Mackintosh – source : Charles Rennie Mackintosh
Society
Intérêt 3 : comparer les codes de présentation actuels et ceux
passés, comprendre que chaque époque définit un style graphique dominant, qui
s’exprime sur les rendus d’architecture, de design, de décoration. Bien comprendre
que les codes graphiques à une époque donnée sont en relation directe avec les
moyens techniques connus.
Pour autant, certains décorateurs
choisissent de se démarquer par expressions graphiques plus personnelles. Par
exemple, dans les années 1990, l’agence d’architecture intérieure Andrée
Putmann présentait ses projets en utilisant le style suranné des décorateurs de
l’époque art déco (1920). Cette démarche de communication « marketing »
affichait haut et fort les mentors de l’agence. En effet, André Putmann a été
la première à rééditer des meubles de designers des années 1920, dont certains
d’Eileen Gray.
Eileen Gray
Intérêt 4 : apprendre à dissocier l’outil (graphique) du résultat
graphique obtenu. Ce dernier point vise en particulier les utilisateurs
débutants du logiciel Sketchup (et équivalent) qui survalorisent l’outil (le
logiciel 3D) au détriment du résultat graphique qu’ils obtiennent (raide,
dépersonnalisé, pauvre « indigeste » au niveau des couleurs et des
matières). Le rendu 3D est un des outils de notre époque, mais comme tout
outil, il demande un minimum de maîtrise pour produire des résultats
graphiques communicants.
Josef Hoffmann
En conclusion, cultivez votre curiosité, profitez de Google pour
visualiser gratuitement des dessins de
décorateurs produits à des époques différentes (de 1850 à nos jours), cette démarche vous aidera à mieux comprendre le
rôle du « dessin » (au sens de « projet pas encore réalisé »)
dans le métier du design et de la décoration. Si les moyens techniques ont
changé, si les styles décoratifs ont évolué, l’objectif de communication reste
le même : convaincre le client destinataire du projet de la pertinence de
la proposition, obtenir l’adhésion du client.
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