Au secours : mission de décoration catastrophe !

 

Panique à bord ! Une de mes anciennes élèves m’a demandé récemment de l'aider à  boucler une mission de déco partielle que sa voisine lui a confiée, dont elle n'arrivait pas à bout. J’ai trouvé ce cas d’étude intéressant à partager avec vous aujourd’hui.

Les faux-pas  stratégiques / causes et conséquences

Clarisse, la décoratrice a effet cumulé plusieurs « faux pas stratégiques » sur ce projet, qui au final l’ont totalement bloquée. Cette situation, dans la réalité professionnelle arrive lorsque vous « vous mettez la pression » inutilement. Le manque d’expérience s’additionne et vous passez  5 à 10 fois plus de temps que nécessaire sur les études, pour un résultat peu satisfaisant. C’est ce qui est arrivé à Clarisse après 10 jours d’efforts vains sur ce projet de conseil en décoration.

Comment se mettre inutilement la pression ?

Pour aider Clarisse, je commence à analyser avec elle les causes de ses blocages. Il en ressort que cette voisine bienveillante et enthousiaste lui a communiqué à plusieurs reprises combien il lui tardait de voir ce que Clarisse allait lui présenter.  Cela  suffit à installer un premier niveau de pression sur la décoratrice (crainte n°1 : est-ce que je vais la décevoir ?).

Le projet concerne l'aménagement intérieur de bureaux et Clarisse jusque là n’est intervenue que sur des habitations, cause de son deuxième niveau de pression (crainte n° 2 : en suis-je capable ?).

Enfin, pensant bien faire, elle commence par se documenter sur des meubles spécialisés pour les bureaux, réalisant au bout de compte que son budget est insuffisant. A cette étape, elle a atteint un niveau de pression cumulé qui l’empêche totalement de se concentrer sur les besoins de sa cliente.

Retenez que lorsque vous stressez face à un projet de décoration, vous oubliez les besoins de votre client pour focaliser votre énergie sur vos propres ressentis (ce que vous voulez vous prouver ou prouver aux autres, vos peurs, votre manque de confiance). Forcément, c’est contre productif.

Comment débloquer le processus de création ?

Je reprends avec Clarisse un à un les éléments de son cahier des charges (le potentiel du lieu et les besoins et priorités de sa cliente, ses contraintes, ses éventuelles attentes). Nous constatons combien sa première proposition (qui le la satisfaisait pas) répond mal  aux besoins et attentes de sa cliente. Pour résumer :

• ·       Budget décoration  (travaux , mobilier et accessoires ) : 4000 euros HT
• ·       Honoraires décoration : 800 euros HT (soit 20 % du budget déco)
• ·       Fonctions des lieux : le bureau de l’accueil et son couloir (zone d’attente)
• ·       Activité de l’entreprise : équivalent d’un centre de Fongécif  (accès à des formations)
• ·     Attente de la cliente : proposer aux usagers une zone accueil plus conviviale (la plupart sont au chômage, souvent stressés).

Analyse du manque de pertinence des premières recherches : Clarisse propose, à ce stade, un seul projet déco très féminin, qui « oublie » deux contenus du cahier des charges : le secrétaire est un homme et le public accueilli totalement mixte. Par ailleurs, cette unique proposition bloque potentiellement sa cliente (absence de choix). Enfin, elle a déjà passé 10 jours (soit 80 heures !), en se limitant à du mobilier spécialisé par franchement « glamour », de surcroît hors budget.

Méthode pour augmenter la pertinence et la rigueur :  je propose à Clarisse de repartir « à zero » , nous listons à l’avance le type et le nombre de documents graphiques qu’elle prévoit de produire (dans l’ordre) pour remplir sa mission de conseil en décoration. Puis nous affectons à chacun un budget temps « pro ». Vérification indispensable : Le cumul de ces budget temps devra être compatible avec le budget d’études prévu (800 euros HT / soit 8 à 10 heures vendues).

1. Reportage photos sur le site : ½ h (le temps de trajet n’est pas compté en plus, il est inclus dans le taux horaire vendu).
2. Analyse du lieu (le potentiel / les contraintes) et reformulation du cahier des charges : ½ h
3. 2 planches déco (propositions A et B très différentes) de type « planches de prescription » (ce sont des listes d’achat en images) : 3 h
4. 1 plan d’implantation commun aux 2 projets décoratifs (l’analyse des contraintes révèle une seule solution pertinente) : 1 h
5. 2 séries de 2 élévations (projet A et projet B) colorisées, échelle 1/20 : 3 h
6. 1 perspective en valeur de gris (type isométrie) commune aux 2 projets : 2 h 

Budget temps total : 10 h maxi  (soit 80 euros HT de l’heure).

Notez que Clarisse a déjà passé 10 fois plus de temps (80 h).

Ce taux s’applique pour un professionnel qui exerce avec un statut auto-entrepreneur ou tout autre statut (coopérative, EURL, SARL, EIRL, EI…).

Comment s’assurer que vous répondez bien à la demande de votre client ?

Pour une prochaine mission (de conseil en décoration), Clarisse s’assurera qu’elle dirige bien ses efforts vers les besoins et attentes de son client. Si nous analysons la liste des documents que je lui conseille de produire, nous pouvons déduire les points de pertinence suivants :

• Sa cliente a le choix entre deux projets décoratifs très différents (aucun ne sera trop féminin ou masculin), ce qui répond aux attentes de sa cliente
• Avec un zoning et le plan d’implantation, Clarisse peut démontrer à sa cliente qu’il n’y a qu’une seule implantation vraiment pertinente (pour les meubles)
• Avec les 2 séries de coupes verticales colorisées (élévations), la cliente peut visualiser l’effet décoratif produit et choisir le projet qui lui convient le mieux.
• Avec la perspective en valeurs de gris, la cliente peut valider l’implantation des meubles et la fonctionnalité de l’espace.
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Où placer vos efforts ?

C’est la vraie question à vous poser non seulement lorsque vous travaillerez pour des vrais clients, mais avant cela, dès que vous vous lancerez sur la réalisation d’un devoir de synthèsesi vous suivez une formation dans une école. Trop d’élèves bien intentionnés perdent un temps fou à diriger leurs efforts vers un objectif qui n’est pas l’objectif prioritaire du devoir.

En conclusion, si vous doutez des priorités d’un devoir ou d'un vrai projet client, n’hésitez pas à questionner les professeurs (si vous êtes en formation), ou à requestionner le client (si vous êtes déjà lancé à vote compte), avant de commencer à réaliser les études pour votre mission de décoration.