Se mettre à son compte en décoration intérieure : quels clients ?
Beaucoup d’élèves en décoration
intérieure que je forme envisagent de créer
leur entreprise, soit à l’issue de la formation, soit dans les années qui
suivront. J’observe que certains d’entre eux abordent cette perspective avec un
peu trop de légèreté peut être…sans réelle préparation en tous les cas. En
particulier, la question de « qui seront mes clients ? » n’est
pas posée avec assez de pertinence.
L’objet de cet article : vous
aider à mieux cerner les vrais clients potentiels d’un décorateur ou d’une
décoratrice à son compte, en région parisienne comme en province.
S’installer à son compte = définir son marché
La première question à vous poser
sera : qui seront mes clients ? Cela revient à définir votre marché. Et là, je suis obligée d’ouvrir
une large parenthèse car il circule une fausse idée sur ce sujet qu’il est important
de rectifier.
La fausse idée = les particuliers
constituent le marché unique ou prioritaire de ma future entreprise.
Attention : les particuliers en France représentent dans
leur grande majorité un « faux » marché pour les décorateurs, car
pour l’instant, s’ils sont très nombreux à avoir des besoins (sensibilisés par
les émissions de décoration), très peu sont prêts à payer le coût réel d’une
mission « normale » de décoration (une à plusieurs semaines de
travail). Pour cette raison, pour l’instant, en France, les particuliers
« Mr et Me Toulemonde » ne représentent un marché que pour les
missions de « coaching en décoration », c'est-à-dire quelques heures
facturées, deux ou trois jours maxi. Il est difficile d’atteindre pour vous un
niveau de rémunération minimum si vous travaillez à plein temps dans votre
entreprise avec ce type de missions de conseil en décoration. Il en faut beaucoup pour pouvoir vous payer
un salaire « normal » tous les mois.
Définition d’un
marché : un besoin pour lesquels les clients sont prêts à payer sa vraie
valeur marchande.
Comment élargir la
notion de marché en décoration
intérieure ?
Le vrai potentiel pour un décorateur ou architecte d'intérieur se situe au niveau des entreprises qui
sont tenues d’investir régulièrement
de l’argent dans l’image de leurs sites (bureaux, boutiques ou agences, salles de
réception, sièges sociaux, centres d’hébergement, spas, hôtels, restaurants,
bars, discothèques…), y compris tous les stands commerciaux éphémères conçus
pour des salons professionnels ou corners dans les grands magasins.
Le fait qu’une entreprise investisse dans une mission de
décoration change tout ! Cet investissement est amorti sur plusieurs
années en général, le cycle de renouvellement dépend de l’activité de la
société. Les groupes qui gèrent des marques de vêtements renouvellent tous les 2
à 3 ans leurs concepts de boutiques, les chaînes d’hôtels amortissent normalement une rénovation sur un
cycle de 7 ans mais ça peut varier en fonction du positionnement de l’hôtel
(moyen, haut de gamme ou palace).
Parce que la mission de décoration est un investissement
stratégique, les entreprises sont prêtes à payer le prix tout à fait normal de
ce service de conseil. Ces entreprises qui « consomment » du concept
d’aménagement intérieur ont conscience de la valeur ajoutée que votre service
leur apporte. En ce sens, ce sont les clients qu’il vous faut !
En conclusion, si vous envisagez de créer votre entreprise de
conseil en décoration ou en architecture intérieure (et que vous avez besoin des revenus de cette activité
pour vivre…), élargissez dès le début votre marché,
en incluant surtout des entreprises sur des secteurs précis, ne vous limitez
pas à une clientèle de particuliers, sauf si vous êtes implanté dans une région
avec une forte concentration de résidences secondaires haut de gamme et que
votre réseau vous permet d’atteindre cette clientèle. Dans tous les autres cas,
le vrai marché se situe du côté des
entreprises.
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